Rudy LEROSEY-AUBRIL (MCZ, Harvard)

Dates
10/05/2021
Horaires

14h-15h

L’explosion de la vie animale au Cambrien (541–485 Ma): Apports des sites à préservation exceptionnelle nord-américains

Le registre fossile atteste d’une révolution écologique au sein des océans, débutant il y a 540 millions d’années environ (transition Ediacarien/Cambrien), un bouleversement tel qu’il impacta la biosphère de façon irréversible : l’émergence de la vie animale. Jusque-là très discrets, les animaux, notamment les bilatériens, deviennent omniprésents à travers le globe. Par leur mobilité et leur capacité à interagir avec leur environnement, ils changent de façon drastique le fonctionnement des écosystèmes marins. Ce chapitre fascinant de l’histoire de la vie nous est en grande partie connu grâce à l’étude de faunes de type Burgess : des assemblages fossiles remarquables, composés de restes macroscopiques d’animaux à squelettes minéralisés et d’organismes à corps mous.

Après un rappel de la contribution essentielle de ces faunes à la compréhension de l’évolution de la vie au Cambrien, je soulignerai les biais stratigraphiques, paléogéographiques et paléoenvironnementaux encore associés à l’étude de ce type de données paléontologiques, et évoquerai brièvement certaines pistes de recherche visant à pallier ces lacunes. Une part notable de mon exposé sera alors dédié à la faune de McDame, un assemblage fossile de type Burgess récemment découvert au sein de la Formation Rosella au Canada (Colombie Britannique). D’âge cambrien inférieur, cette faune est associée à un milieu de dépôt sensiblement moins profond, que ceux ayant permis la préservation de la majorité des faunes de type Burgess. Ceci offre une opportunité unique d’étudier l’impact des variations environnementales, sur la composition et la structure des premiers écosystèmes marins dominés par les animaux. Notre étude préliminaire révèle un milieu de dépôt anormalement dynamique, tant physiquement que chimiquement, et une faune se démarquant par l’absence totale d’éponges et une richesse inhabituelle en organismes fouisseurs. Fait remarquable, certains de ces animaux endobenthiques sont préservés au sein même de leurs terriers.